Lorsque l'on a seulement quatre lunes, il n'est pas chose aisé d'avoir une longue histoire. Tout est beau, tout est rose. Sa courte existence rythmée par les jeux avec frères-sœurs, les tétées et les petites expéditions nocturnes. Et pourtant, Petit Requiem fait exception. Certes, elle n'est qu'à l'aube de sa vie mais la véritable face de celle-si semble avoir été dévoilée beaucoup trop tôt. La réalité l'a frappé d'une tel force qu'elle a peiné pour se relever. Mais elle l'a fait. Puisant dans ses dernières ressources et affronter ce que le destin lui cachait jusqu'à présent, dans l'un de ses horribles méandres. Mais plus rien ne pouvait l'atteindre: il s'était déjà acharné sur elle, comme s'il cherchait vengeance en la détruisant, petit à petit, en noircissant son cœur de tant d'horreurs. Mais au final, peut-être qu'il n'y est pour rien. Peut-être que Petit Requiem est la seule responsable de ce qu'il lui arrive. Mais elle le sait. Elle sait que, même s'il s'agit du fruit de son existence ou de l'oeuvre d'un autre, même si elle a put se relever par le passé, elle sait que l'adulte qui naîtra d'elle ne sera ni beau, ni gentil. Ni moche, ni méchant. Seulement un chat sans expressions, sauf parfois vraies et retenues ou fausses et forcées.
Mais peut-être qu'elle se reprendra, peut-être qu'elle suivra les pas des prés-adultes sains d'esprit. Mais rien n'est écrit à l'avance, puisque ce sera à elle de tracer son propre chemin. C'est l'idéal de Petit Requiem. Réussir à progresser dans la vie grâce à ses propres choix, et suivre ses opinions, sans se soucier des autres, elle le désire, avec hardiesse. Leurs actes ne feront pas sa vie. Leurs idéaux ne l'aideront pas. Elle ne veut pas se cacher derrière eux, elle ne veut pas devenir leur ombre. Elle veut être elle. Progresser grâce à ce qu'elle est et grâce à ses choix, bons ou mauvais, tant que c'est par elle-même.
Mais pourquoi un chaton si mignon est-il devenu un cas si désespéré en l'espace de deux lunes? Un chaton dont la joie de vivre aurait put irriguer la moindre de ses cellules? A qui est-ce la faute? Qui en prendra la responsabilité, cette fois-ci? Elle-même? Sa mère? Sa mère. Sa génitrice. Ce n'est pas sa mère. Non. Sa mère est morte, le jour où elle l'à abandonnée. Sa génitrice et sa mère ne faisait qu'un, avant. Mais ça s'était avant. Mais elle se sont divisées, comme ça.
Flash-back - Sa génitrice, était pendant un temps, une sorte de prostituée des chats, courant après chaque matou présentant une qualité de plus que le précédant. Accumulant portées sur portées. Mais elle trouva plus judicieux de laisser les mâles venir jusqu'à elle, elle n'irait plus les chercher. Qualités qui l'aidèrent beaucoup: la Beauté et une Autorité naturelle qui faisait asseoir même le plus têtu des félins. Elle était belle. Très belle. Avec sa fourrure brune-rousse flamboyante et joliment brodée. Avec ses tâches blanches et ses beaux yeux bleus délavés. Les mâles ne faisaient pas long feu près d'elle, tous vautrés à ses pattes, répondant à ses moindres demandes. Des chiens. Oui. Des petits toutous qui écoutaient et servaient sans la moindre résistance ses ordres. C'est ainsi que la chatte s'était établie une petite hiérarchie, dont elle brillait seule au sommet, évidemment. Tous l'admirait, à une époque, ils la respectait, les femelles voulaient lui ressembler. Avoir la même "sagesse" et le même regard posé et irrésistible qui ne semblait pas sans effets sur la gent masculine.
Vint la venue d'un beau mâle solitaire. Calme et posé, avec un regard doré lumineux que qu'on conque, même le plus virulent des félins, essayerait de croiser se retrouvera avec un étrange sentiment de bien-être, soudainement envahit par une grande sagesse et une grande confiance envers ce mystérieux chat. L'effet goulée-d'eau-fraîche. Il était grand, mince mais tout en muscle avec une épaisse fourrure rousse flamboyant tirant sur un brun cuivré. Il était beau. De l'intérieur comme de l'extérieur. Et la mère de Petit Requiem lui accorda sa confiance, naturellement. Même elle n'avait pu résister au charisme du félin. Mais la vieillesse commençait déjà à le rattraper et même s'il conserva son tempérament posé, son beau corps d’athlète commença à faire des siennes. Il décida de rester quelques temps. Cependant, très vite, une portée vient grossir le ventre de la belle femelle et très vite, le mâle repartit, délaissant volontairement la chatte avec les matous maintenant désintéressés d'elle. Malgré sa beauté, elle ne pouvait plus rien leur apporter. Alors, très vite, elle se retrouva seule, subsistant à ses dépends.
Plus tard, deux minuscules félins naquirent dans une casse en ferraille rouillé, l'un présentant un pelage roux flamboyant tigré et l'autre une sorte de fourrure blanche, tachetée de brun. Elle n'avait pu se résoudre à les tuer. À cause de ça. Ce qu'ils appelaient l'instinct maternelle. Mais il ne fallait pas se faire d'illusions. La femelle n'était pas la gentille maman-poule qui sur protégeait ses rejetons: Elle les délaissa très souvent, dès qu'ils eurent ouvert les yeux, pour reconstruire la hiérarchie qu'ils avaient détruit, les considérait déjà comme des adultes indépendants. La petite et son frère n'eurent pas d'enfance. Elle n'a été ni belle ni désastreuse, ils n'ont tout simplement pas été des chatons. Nés de l'union d'un matou inconnu et d'une femelle absente, les deux petits comprirent vite ce qu'ils étaient. Une erreur. Ils n'auraient jamais dû venir au monde. Ils étaient quelque chose qu'ils fallait à tout prix cacher. Mais qu'est-ce que l'on pouvait reprocher à ses deux mignons petits? Ce n'était pas leur faute si leurs parents étaient des lâches, mais on leur fit payer leurs erreurs. Et la naissance des chatons fut accueillit dans un silence glacial, rampant vers la chaleur émanant de la chatte, les petiots furent rabroués d'une pluie de coup de pattes, à peine autorisé de téter le lait gras et sucré qui coulait du giron blanc. Le regard pâle méprisant de la brunette sur leur nuque.
Mais un jour la chatte ne revint pas, sûrement partie parader pour de bon parmi ses mâles. Et le frère et la sœur furent instantanément anéantis. La jeune chatonne stoïque, moins, peut-être, son regard cuivré, presque rouge-orangé, exprimant plus de mépris et de haine que du désespoir. Mais le petit rouquin rayé se laissa partir, sa douce maman n'était plus là, pour de bon. Ils n'avaient qu'une lune, peut-être moins, d'ailleurs. À peine sevré qu'ils devaient subsister seuls, fouillant dans les poubelles pour trouver leur maigre nourriture. Pour Petit Requiem, la pire chose que l'on peut reprocher à un vivant est son souffle lui-même, pour elle, la vie est une erreur et il faut la retirer. La petite est devenue très instable, délirant seule, froide et méprisante. Mais elle sait le cacher. Intelligente et méchante, elle aime se faire une image de chatte posée mais très mystérieuse. Certains parleraient ici de manipulation. Personnellement, la chatonne aime penser qu'elle se contente d'utiliser ce que la nature l'a doté. Une personne souhaite quelque chose de particulier -vous plaire, se sentir désirée (Pas dans le sens désirée-désirée dans le lit, hein, attention les cochons. :3) ou utile- et la manipulation est un moyen rapide et pas très net de se satisfaire.
Mais vint le jour où la faim lui rongea tellement le ventre qu'elle ne put même pas sortir de sa tanière, roulée en boule dans la paille, les yeux clos. Ses côtes saillant sous sa pelisse miteuse se soulevant au rythme de sa respiration. Elle resta deux jours ainsi, jusqu'à qu'un matou répondant à un nom étrange la saisisse et que, trop faible, pour riposter, elle se laissa pitoyablement pendre entre ses mâchoires. Il ramena le petite paquet de fourrure boueuse à son Clan, qui l'accepta immédiatement, surement prit de pitié pour cette minuscule petite chose amochée, déjà rattrapée par le temps. La petite chatte essaya de fuir, mais il était déjà trop tard: son destin était déjà cerné. Elle était déjà piégée. Piégée par son Clan d'adoption, Piégée par la vie. Et c'est ainsi que commença de s'écrire sa vie, dans un camp entourée d'autres chats.
Son apprentissage fut long. Le petit chaton qu'elle était ne se pliait pas aux règles. Elle faisait ce qui lui plaisait, ne suivant jamais son mentor.
Se défendre n'était pas simple. Après de longs entraînements, elle pu enfin obtenir son titre de guerrière.
Le jour où on lui attribua son nom de guerrier, elle s'en souviens encore. Du ton un peu désinvolte qu'avait prit la chef de l'époque en la nommant, suivi de ses paroles:
'' Et enfin, Nuage du Requiem. Après des lunes et des lunes d'acharnement, te voilà ici. Par le pouvoir qui m'est confié par le Clan des Étoiles, tu te fera maintenant appeler Requiem Funèbre. '' et le regard de sa mère d'adoption, au bord du soulagement de la voir enfin guerrière, sans plus besoin de la suivre partout pour réparer ses bêtises.
« Nous ne devons jamais verser de larmes.
Les larmes ne sont rien d’autre que la défaite du corps contre le cœur. Elles constituent la preuve que garder un cœur ne sert à rien d'autre qu'à s’affaiblir. »
Sujet: C'est l'histoaaar de la vie | Coucou 8D 
